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mable[1], libéral, instruit, bien posé à la cour, versé à la fois dans la science chaldéenne et dans la culture hellénique, une sorte de Numénius, au courant de toutes les philosophies, de toutes les religions, de toutes les sectes. Il fut sincèrement chrétien ; ce fut même un prédicateur ardent du christianisme, presque un missionnaire[2] ; mais toutes les écoles chrétiennes qu’il traversa laissèrent quelque chose dans son esprit ; aucune ne le retint. Seul, Marcion, avec son austère ascétisme, lui déplut tout à fait[3]. Le valentinianisme, au contraire, dans sa forme orientale, fut la doctrine à laquelle il revint toujours. Il se complut aux syzygies des éons et nia la résurrection de la chair. Il préférait à cette conception matérielle les vues du spiritualisme grec sur la préexistence et la survivance de l’âme[4]. L’âme, selon lui, ne naissait ni ne mourait ; le corps n’était que son instrument pas-

    rène, Hist., II, 66 ; Photius, cod. ccxxiii ; Philoxène de Maboug, dans Cureton, Spic., p. v-vi.

  1. Saint Éphrem, Hymnes, p. 438 f ; Philoxène de Maboug, dans Cureton, Spicil. syr., p. v, en observant pourtant que l’assertion de Philoxène n’a probablement pour base que les Dialogues, où Bardesane s’explique en effet avec beaucoup d’aménité.
  2. Eusèbe, IV, xxx, 1 ; Moïse de Khorène, II, 66.
  3. Eusèbe, H. E., IV, xxx, 1 ; Philos., VII, 31 ; Moïse de Khorène, Hist., II, 66.
  4. Dialogue, p. 13, Cureton. Harmonius alla plus loin encore dans ce sens. Sozom., III, 16.