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gislateur excellent, et admettait que la destruction de la nationalité des Juifs était venue de ce qu’ils avaient mis à mort « leur sage roi[1] ». Tel fut aussi Longin ou l’auteur quel qu’il soit du traité Du Sublime, lequel a lu avec admiration les premières pages de la Genèse et place le verset « Que la lumière soit, et la lumière fut » parmi les plus beaux traits qu’il connaisse[2].

Le plus original parmi ces esprits mobiles et sincères que la loi chrétienne charma, mais non d’une façon assez exclusive pour les détacher de tout le reste et faire d’eux de simples membres de l’Église, fut Bardesane d’Édesse[3]. C’était, si l’on peut s’ex-

    fait établi depuis assez longtemps. Cette façon de traiter Jésus en législateur rappelle Lucien, Peregrinus, 13, et suppose un état des textes évangéliques et des institutions chrétiennes qui ne convient qu’à la fin du iie siècle. Ce qui est dit des Romains (Cureton, p. xiii-xv) peut se rapporter à la campagne de Lucius Verus (162-165).

  1. Le passage Carm. sib., XII, 111, semble exprimer la même idée ; mais M. Alexandre corrige le texte avec bonheur.
  2. De subl., sect. ix. Ce passage, interpolé ou non, a été écrit sûrement à la fin du iie siècle ou au iiie siècle, par un païen qui avait eu des relations avec des juifs ou des chrétiens, plutôt qu’il n’avait lu le Pentateuque (notez la forte inexactitude γενέσθω γῆ ; comp. Jos., Ant., proœm., 3 ; Galien, De usu, part., xi, 14). Cela convient bien à Longin ; mais on sait les difficultés qui s’opposent par ailleurs à ce que le ministre de Zénobie soit l’auteur de Περὶ ὕψους.
  3. Le jour de sa naissance est marqué dans la Chronique d’Édesse au 11 de tammuz de l’an 465 des Grecs = 153 de J.-C.