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pour tout, il fut à son heure l’esprit le plus libéral et le plus ouvert que l’Église eût possédé jusque-là, et il marqua l’aurore d’un remarquable mouvement intellectuel, supérieur peut-être à tous les essais de rationalisme qui se sont jamais produits au sein du christianisme. Origène, à la date où nous nous arrêtons, n’est pas né encore ; mais son père Léonide nourrit en son cœur cet ardent idéalisme qui fera de lui un martyr et le premier maître du fils dont il baisera la poitrine pendant son sommeil, comme le temple du Saint-Esprit.

L’Orient païen n’inspirait pas toujours aux chrétiens la même antipathie que la Grèce. Le polythéisme égyptien, par exemple, était traité par eux avec moins de sévérité que le polythéisme hellénique. Le poète sibyllin du iie siècle annonce à Isis et à Sérapis la fin de leur règne avec plus de tristesse que d’insulte. Son imagination est frappée de la conversion d’un prêtre égyptien, qui, à son tour, convertira ses compatriotes. Il parle en termes énigmatiques d’un grand temple élevé au vrai Dieu, qui fera de l’Égypte une sorte de terre sainte et ne sera détruit qu’à la fin des temps[1].

L’Orient, de son côté, toujours enclin au syncrétisme, et d’avance sympathique à tout ce qui porte

  1. Carm. sib., V, 483 et suiv.