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d’honorer le Dieu unique de la même manière que les polythéistes adorent leurs dieux, c’est-à-dire par des sacrifices, comme si cela pouvait lui être agréable[1]. Leurs précautions méticuleuses sur la nourriture, leur superstition du sabbat[2], leur jactance à propos de la circoncision, leur préoccupation mesquine des jeûnes et des néoménies, sont ridicules. Il n’est pas permis à l’homme de distinguer entre les choses que Dieu a créées, d’admettre les unes comme pures et de rejeter les autres comme inutiles et superflues. Prétendre que Dieu défend de faire le jour du sabbat une action qui n’a rien de déshonnête, quoi de plus impie ? Présenter la mutilation de la chair comme un signe d’élection, et s’imaginer que, pour cela, on est aimé de Dieu, quoi de plus grotesque ?


Quant au mystère du culte chrétien, n’espère l’apprendre de personne. Les chrétiens, en effet, ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par la langue, ni par les mœurs ; ils n’habitent pas des villes qui leur soient propres, ne se servent pas d’un dialecte à part ; leur vie ne se fait remarquer par aucun ascétisme particulier ; ils n’adoptent pas à la légère les imaginations et les

  1. L’auteur parle ici de la loi juive telle qu’elle est écrite. On a eu bien tort de conclure de ce passage que l’écrit était antérieur à 70. Comparez l’Épître de Barnabé, 2, 4, 9, 13, 14, 16 ; Præd. Petri et Pauli, p. 58-59, Hilg. ; Clém. d’Alex., Strom., VI, 5.
  2. Τὴν περὶ τὰ σάϐϐατα δεισιδαιμονίαν. Ch. iv.