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à un certain Diognète, personnage fictif sans doute[1], par un anonyme éloquent et assez bon écrivain[2], qui rappelle par moment Celse et Lucien[3]. L’auteur suppose son Diognète animé du désir de connaître « la nouvelle religion[4] ». Les chrétiens, répond l’apologiste, sont à égale distance et de l’idolâtrie grecque et de la superstition, de l’esprit inquiet, de la vanité des juifs[5]. Tout le travail de la philosophie grecque n’est qu’un amas d’absurdités et de duperies charlatanesque[6]. Les juifs, d’un autre côté, ont le tort

  1. Diognète, le maître de Marc-Aurèle, n’eut pas assez de célébrité pour qu’on puisse admettre qu’il s’agit de lui.
  2. Epistola ad Diogn., Gebh. et Harn., Patrum apost. Op., I, 2e fascic. (Lips., 1878) ou dans le Saint Justin d’Otto (3e édit., 1879). On a cru voir une allusion à Marc-Aurèle et Commode dans le ch. vii. Ce qui est dit de la persécution (ch. v, vii, x) répond bien aux dernières années de Marc-Aurèle. Les chapitres xi et xii sont, de l’aveu de tous, interpolés. L’écrit peut à la rigueur être du iiie siècle ; mais nous nous refusons absolument à y voir une fiction plus moderne. L’attribution à saint Justin n’est soutenable en aucune façon. Le livre n’est pas cité dans l’antiquité ecclésiastique ; mais il en est de même d’Hermias, et très peu s’en est fallu qu’il n’en fût de même d’Athénagore.
  3. Comparez le tableau de la république chrétienne (ci-après, p. 425-427) à la description de la cité idéale de Lucien, Hermotime, 22-24.
  4. Ch. i, 9.
  5. Τὴν Ἰουδαίων δεισιδαιμονίαν… πολυπραγμοσύνην, ἀλαζονείαν. Ch. i, iii, iv.
  6. Epist. ad Diogn., 8, 9.