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maine, en particulier, a remplacé pour l’autorité la vieille discipline juive, et créé en Occident un centre d’unité comme celui que constitua tout d’abord en Orient l’épiscopat des parents de Jésus, issus comme lui de la race de David[1].

On voit que le vieil Ébion était bien adouci. Après Hégésippe, on ne connaît plus cette variété du christianisme, si ce n’est au fond de la Syrie. Là, Jules Africain, vers 215, trouve encore des nazaréens primitifs et reçoit d’eux des traditions fort analogues à celles dont vécut Hégésippe[2]. Ce dernier souffrit des progrès ou, pour mieux dire, du rétrécissement de l’orthodoxie. On le lut peu, on le copia moins encore. Origène, saint Hippolyte ignorent son existence. Seuls, les curieux d’histoire comme Eusèbe le connurent, et, de ces pages précieuses, celles-là furent sauvées que les chronographes plus modernes insérèrent dans leurs récits[3].

Un autre signe de maturité est l’épître adressée

  1. Ἕνωσις τῆς ἐκκλησίας. Hégés., dans Eus., IV, xxxii, 5.
  2. Voyez les Évangiles, p. 74-75.
  3. Eusèbe, H. E., II, 23 ; III, 11, 16, 20, 32 ; IV, 8, 11, 21, 22 ; le Syncelle, l. c. C’est à tort qu’on a conclu d’une note trouvée à Patmos par M. Sakkélion que l’Hégésippe complet a dû exister au xvie siècle (Zeitschrift für K. G., II, p. 288-291). Cette note est une liste de desiderata, c’est-à-dire d’écrits perdus en grec, et non un catalogue d’ouvrages encore existants.