Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/440

Cette page a été validée par deux contributeurs.

juives et la famille de Jésus était très développé, évidemment d’après des renseignements particuliers. Hégésippe, dont la langue maternelle était l’hébreu, et qui ne reçut pas d’éducation hellénique, avait la crédulité d’un talmudiste. Il ne reculait devant aucune bizarrerie. Son style paraissait aux Grecs simple et plat, sans doute parce qu’il était calqué sur l’hébreu, comme celui des Actes des Apôtres. Nous en avons un curieux spécimen dans ce récit de la mort de Jacques[1], morceau d’un ton si singulier qu’on est tenté de croire qu’il a été emprunté à un ouvrage ébionite écrit en hébreu rythmé.

Rien ne ressemblait moins cependant à un sectaire que le pieux Hégésippe. L’idée de catholicité tient dans son esprit autant de place que chez l’auteur des épîtres pseudo-ignatiennes. Son but est de prouver aux hérétiques la vérité de la doctrine chrétienne, en leur montrant qu’elle s’enseigne uniformément dans toutes les Églises, et qu’elle y a toujours été enseignée de la même manière depuis les apôtres. L’hérésie, à partir de celle de Thébuthis ( ?), est venue d’orgueil ou d’ambition[2]. L’Église ro-

  1. Eus., II, ch. xxiii. La circonstance καὶ ἔτι αὐτοῦ ἡ στήλη μένει παρὰ τῶ ναῷ (§ 18) semble provenir d’un document écrit avant l’an 70.
  2. Dans Eus., IV, xxii, 5.