Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/439

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des dissidences qui avaient rempli pendant plus de cent ans l’Église du Christ fut celui que donna Hégésippe[1]. Sorti de l’ébionisme, mais accueilli pleinement par l’Église orthodoxe, ce respectable vieillard achevait à Rome ses cinq livres de Mémoires, base première de l’histoire ecclésiastique[2]. L’ouvrage commençait à la mort de Jésus-Christ. Il est douteux cependant qu’il fût conduit selon un ordre chronologique[3]. À beaucoup d’égards, c’était un livre de polémique contre les hérésies[4] et contre les révélations apocryphes écrites par les gnostiques et les marcionites. Hégésippe montrait que beaucoup de ces apocryphes venaient d’être composés tout récemment[5].

Les Mémoires d’Hégésippe auraient pour nous un prix infini, et leur perte n’est pas moins regrettable que celle des écrits de Papias. C’était tout le trésor des traditions ébionites, rendues acceptables aux catholiques et présentées dans un esprit de vive opposition à la gnose. Ce qui concerne les sectes

  1. Voir ci-dessus, p. 71-73.
  2. Eusèbe, IV, ch. viii, 22 ; saint Jér., De vir. ill., 22 ; Sozom., I, 1 ; le Syncelle, p. 337 et suiv., 345 (Paris).
  3. Le récit de la mort de Jacques, frère du Seigneur, faisait partie du cinquième livre.
  4. Eus., IV, vii, 15.
  5. Ibid., IV, xxii, 8.