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tous ses subordonnés[1]. Ainsi, à force de pousser à outrance les principes de Paul, on arrivait à des idées qui eussent révolté Paul. Lui qui ne voulait pas qu’on fût sauvé par les œuvres, eût-il admis davantage qu’on fût sauvé par la simple soumission à des supérieurs ? Par d’autres côtés, pseudo-Ignace est un disciple bien authentique du grand apôtre. À égale distance du judaïsme et du gnosticisme[2], il est un de ceux qui parlent de la manière la plus exaltée de la divinité de Jésus-Christ[3]. Le christianisme[4] est pour lui, comme pour l’auteur de l’épître à Diognète, une religion entièrement séparée du mosaïsme. Toutes les distinctions primitives avaient, du reste, disparu devant la tendance dominante qui entraînait les partis les plus opposés vers l’unité. Pseudo-Ignace donnait la main au judéo-chrétien pseudo-Clément[5], pour prêcher l’obéissance et le respect de l’autorité[6].

Un exemple bien frappant de cette abdication

  1. Ad Polyc., 4.
  2. Ad Magn., 8, 10 ; ad Trall., 6, 7, 11 ; ad Philad., 6, 9 ; ad Smyrn., 2-7 ; Epistola Polyc., ad Phil., 7.
  3. Ad Eph., 7.
  4. Ad Magn., 10 ; ad Rom., 3 ; ad Philad., 6. Le mot χριστιανισμός est déjà dans Celse (Orig., III, 75).
  5. Voir ci-dessus, p. 90-91.
  6. La synonymie d’episcopos et de presbyteros durait toujours. Epist. Polyc., titre ; Irénée à Victor, dans Eus., V, ch. xxiv. Cf. Clm. Rom. I, 42.