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d’Ignace[1], dont la lettre censée de Polycarpe[2] est peut-être une annexe. On peut supposer que ces écrits parurent vers le temps où nous sommes arrivés[3]. Qui mieux que ces deux grands évêques martyrs, dont la mémoire était partout révérée[4], pouvait conseiller aux fidèles la soumission et l’ordre ?


Obéissez à l’évêque comme Jésus-Christ obéit au Père, et au corps presbytéral comme aux apôtres ; révérez les diacres comme le commandement même de Dieu. Que rien de ce qui concerne l’Église ne se fasse en dehors de l’évêque. En fait d’Eucharistie, celle-là doit être tenue pour bonne qui est administrée par l’évêque ou par celui à qui il en a confié le soin. Là où l’évêque est visible, que là soit le peuple, de même que, là où est le Christ Jésus, là est l’Église catholique. Il n’est permis ni de baptiser, ni de faire l’agape en dehors de l’évêque ; l’approbation

  1. Voir les Évangiles, p. xvii et suiv. On ne diminue pas les objections contre l’authenticité de ces Épîtres en rabaissant le martyre d’Ignace au temps d’Adrien ou d’Antonin (Harnack, Die Zeit des Ignatius, Leipzig, 1878). C’est dans leur style même et leur tour que les épîtres ignatiennes portent le caractère de l’apocryphe.
  2. L’Église chrétienne, p. 442 et suiv.
  3. La façon vague dont Irénée (V, xxviii, 4) parle d’Ignace, τὶς τῶν ἡμετέρων, semble indiquer que l’écrit d’où la citation est tirée était récent.
  4. Comparez Διδασκαλία ou διδαχὴ Κλήμεντος, Ἰγνατίου, Πολυκάρπου, dans les Canons d’Anastase le Sinaïte et de Nicéphore, Credner, p. 241, 244.