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rent une rare habileté, évitant les questions théologiques, mais toujours au premier rang dans les questions d’organisation et d’administration. Le pape Corneille conduit tout dans l’affaire du novatianisme ; on l’y voit, en particulier, destituer les évêques d’Italie et leur donner des successeurs[1]. Rome était aussi l’autorité centrale des Églises d’Afrique[2]. Aurélien, en 272, juge que le véritable évêque d’Antioche est celui qui est en correspondance avec l’évêque de Rome[3]. Quand est-ce que cette supériorité de l’Église de Rome souffre une éclipse ? Quand Rome cesse d’être en réalité la capitale unique de l’Empire, à la fin du iiie siècle ; quand le centre des grandes affaires se transporte à Nicée, à Nicomédie, et surtout quand l’empereur Constantin crée une nouvelle Rome sur le Bosphore. L’Église de Rome, depuis Constantin jusqu’à Charlemagne, est en réalité déchue de ce qu’elle était au iie et au iiie siècle. Elle se relève plus puissante que jamais quand, par son alliance avec la maison carlovingienne, elle devient, pour huit siècles, le centre de toutes les grandes affaires de l’Occident.

  1. Lettre de Corneille dans Eus., H. E., VI, xliii, 8, 10.
  2. Tertullien, Præscr., 21 ; saint Cyprien, Epist., 52, 55, 71, 75 (Firmilien).
  3. Affaire de Paul Samosate. Eus., H. E., VII, 30.