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proclamer l’infaillibilité du pape se reconnaît, dès la fin du iie siècle, à des signes déjà certains. L’ouvrage dont fit partie le fragment connu sous le nom de Canon de Muratori, écrit à Rome vers 180, nous montre déjà Rome réglant le Canon des Églises, donnant pour base à la catholicité la Passion de Pierre, repoussant également le montanisme et le gnosticisme[1]. Les essais de symboles de foi commencent aussi, dans l’Église romaine, vers ce temps[2]. Irénée réfute toutes les hérésies par la foi de cette Église, « la plus grande, la plus ancienne, la plus illustre ; qui possède, par une succession continue, la vraie tradition des apôtres Pierre et Paul ; à laquelle, à cause de sa primauté[3], doit recourir le reste de l’Église ». Toute Église censée fondée par un apôtre avait un privilège ; que dire de l’Église que l’on croyait avoir été fondée par les deux plus grands apôtres à la fois ?

Cette préséance de l’Église de Rome ne fit que grandir au iiie siècle. Les évêques de Rome montrè-

  1. Lignes 36 et suiv., 70 et suiv. ; 73 et suiv. ; 80 et suiv. Voir Credner (Volkmar), Gesch. des neut. Kanon, p. 341 et suiv. ; Hesse, Das muratori’sche Fragment (Giessen, 1873) ; Harnack, dans le Zeitschrift für K. G., III (1872), p. 358 et suiv.
  2. Caspari, Quellen zur Gesch. des Taufsymbols und der Glaubensregel, quatre parties (Christiania, 1866-1879) ; Gebh et Harn., Patres apost., I, ii, édit. alt., p. 115 et suiv.
  3. « Propter potiorem principalitatem », Irénée, III, iii, 2.