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chefs des grandes Églises, lues le dimanche à la réunion des fidèles, étaient une continuation de la littérature apostolique[1]. L’église, comme la synagogue et la mosquée, est une chose essentiellement citadine. Le christianisme (on en peut dire autant du judaïsme et de l’islamisme) sera une religion de villes, non une religion de campagnards. Le campagnard, le paganus, sera la dernière résistance que rencontrera le christianisme. Les chrétiens campagnards, très peu nombreux, venaient à l’église de la ville voisine[2].

Le municipe romain devint ainsi le berceau de l’Église. Comme les campagnes et les petites villes reçurent l’Évangile des grandes villes, elles en reçurent aussi leur clergé, toujours soumis à l’évêque de la grande ville. Entre les villes, la civitas a seule une véritable Église, avec un épiscopos ; la petite ville est dans la dépendance ecclésiastique de la grande[3]. Cette primatie des grandes villes fut un fait capital. La grande ville une fois convertie, la petite ville et la campagne suivirent le mouvement. Le diocèse[4] fut ainsi l’unité originelle du conglomérat chrétien.

  1. Denys de Corinthe et Soter, ci-dessus, p. 173 et suiv.
  2. Justin, Apol. I, 67.
  3. Concile d’Ancyre (315), canon 13.
  4. Le mot παροικία, d’où est venu « paroisse », fut d’abord