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a créé le monde ; il peut le détruire. S’il a fait l’homme de rien, il saura bien le ressusciter. La doctrine de la conflagration est enseignée dans les philosophes[1]. Si les juifs ont été vaincus, c’est de leur faute. Dieu ne les a pas abandonnés ; ce sont eux qui ont abandonné Dieu[2].

Octavius se montre plus subtil encore, quand il prétend que le signe de la croix est la base de toute religion et en particulier de la religion romaine ; que l’étendard romain est une croix dorée ; que le trophée représente un homme en croix ; que le navire avec ses vergues, le joug d’un char, l’attitude d’un homme en prières, sont des images de la croix[3]. Son explication des augures et des oracles par l’action d’esprits pervers[4] est aussi quelque peu enfantine. Mais il réfute éloquemment les préjugés aristocratiques de Cæcilius. La vérité est la même pour tous ; tous peuvent la trouver et doivent la chercher. Dieu est évident à l’esprit ; la Providence résulte d’un coup d’œil jeté sur l’ordre du monde et sur la conscience de l’homme. Cette vérité se révèle même, quoique oblitérée, dans les traditions païennes. Au

  1. Octav., 34, 35. Orig., Contre Celse, IV, 20.
  2. Octav., 33.
  3. Ibid., 29. Cf. Tertullien, Avol., 16.
  4. Octav., 27.