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quelque sentiment du ridicule, cessez de vous perdre dans les espaces célestes, de chercher avidement les destins et les secrets de la terre. C’est assez de regarder à ses pieds, surtout pour des gens ignorants, grossiers, sans éducation, sans culture, à qui il n’est pas donné de comprendre les choses humaines, à plus forte raison qui n’ont pas le droit de disserter sur les choses divines[1].


Le mérite de l’auteur de ce curieux dialogue est de n’avoir en rien diminué la force des raisons de ses adversaires. Celse et Fronton n’avaient pas exprimé avec plus d’énergie ce qu’avaient de contraire aux plus simples idées de la science naturelle ces perpétuelles annonces de conflagration du monde par lesquelles on effrayait les simples. Les idées chrétiennes sur la résurrection ne sont pas critiquées avec moins de vigueur. D’où vient cette horreur du bûcher et de la crémation des cadavres, comme si la terre ne faisait pas en quelques années ce que le bûcher fait en quelques heures ? Qu’importe au cadavre d’être broyé par les bêtes, ou noyé dans la mer, ou recouvert par la terre, ou absorbé par la flamme[2] ?

Octavius répond faiblement à ces objections, inhérentes en quelque sorte à son dogme, et que le christianisme traînera avec lui durant tout le cours de son existence. Dieu, dit l’avocat du christianisme,

  1. Octav., § 12
  2. Ibid., 11.