Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ces lois humaines et sensées qui fléchirent la rigueur du droit antique et firent, d’une législation primitivement étroite et implacable, un code susceptible d’être adopté par tous les peuples civilisés[1].

L’être faible, dans les sociétés anciennes, était peu protégé. Marc-Aurèle se fit en quelque sorte le tuteur de tous ceux qui n’en avaient pas. L’enfant pauvre, l’enfant malade eurent des soins assurés. La préture tutélaire fut créée pour donner des garanties à l’orphelin[2]. L’état civil, les registres des naissances commencèrent[3]. Une foule d’ordonnances pleines de justice répandirent dans toute l’administration un remarquable esprit de douceur et d’humanité[4]. Les charges des curiales furent diminuées[5]. Grâce à un approvisionnement mieux réglé, les famines de l’Italie furent rendues impossibles[6]

  1. On a prétendu découvrir une influence chrétienne dans ce grand progrès du droit romain. Rien de plus gratuit. Les idées des chrétiens et les idées des jurisconsultes étaient aux deux pôles opposés ; nul rapport entre les deux écoles, si ce n’est des rapports de malveillance ; pas un rapprochement sérieux entre les textes.
  2. Capitolin, 10 ; inscription de Concordia, Borghesi, Ann. de l’Inst. arch., 1853, p. 188 et suiv. ; Desvergers, op. cit., p. 46-48.
  3. Capitolin, 9, 10.
  4. Ibid., 9, 11.
  5. Digeste, 6, L, i, 8 ; iv, 6.
  6. Capitolin, 11 ; inscription de Concordia, Borghesi, Ann. de l’Instit. arch., 1853, loc. cit. ; Desvergers, p. 45-46.