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la littérature chrétienne latine, théologiquement inférieure, l’emportera sur la littérature chrétienne grecque, par les nuances et la virilité du style. L’auteur, originaire de Cirta[1], demeurait à Rome et y exerçait la profession d’avocat[2]. Né païen, il avait reçu l’éducation la plus distinguée et avait embrassé le christianisme par réflexion[3]. Il connaît parfaitement ses classiques, les imite, les copie quelquefois ; Cicéron, Sénèque, Salluste, sont ses auteurs favoris. Parmi ses contemporains, personne n’écrivit en latin mieux que lui. Le livre de son compatriote Fronton le frappa ; il voulut répondre à l’attaque ; il le fit, en calquant, ce semble, le style un peu apprêté de l’illustre rhéteur et en lui faisant plus d’un emprunt[4]. Peut-être aussi avait-il lu l’ouvrage de Celse et le vise-t-il plus d’une fois sans le nommer[5].

Un païen instruit, appartenant à la première famille de Cirta, Cæcilius Natalis[6], et deux chrétiens,

  1. Octavius, 9, 31. Cirta est notre Constantine.
  2. Ibid., 2. Cf. Lactance, Inst., V, 1.
  3. Octav., 1.
  4. Voir l’Égl. chrét., p. 493. Il y a beaucoup d’analogie entre les jolies amplifications d’Octavius, §§ 2, 3, 4, et les lettres de Marc-Aurèle et de Fronton. Le style du discours de Cæcilius, d’ailleurs, est plus frontonien que le reste de l’ouvrage. Minucius est coutumier du plagiat ; ainsi il copie souvent Cicéron sans le citer.
  5. Keim, Celsus, p. 156 et suiv.
  6. On a trouvé à Constantine plusieurs inscriptions de l’an 210