Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/40

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le stoïcisme, dès le règne d’Adrien, avait pénétré le droit romain de ses larges maximes, et en avait fait le droit naturel, le droit philosophique, tel que la raison peut le concevoir pour tous les hommes[1]. L’Édit perpétuel de Salvius Julianus fut la première expression complète de ce droit nouveau destiné à devenir le droit universel. C’est le triomphe de l’esprit grec sur l’esprit latin. Le droit strict cède à l’équité ; la douceur l’emporte sur la sévérité ; la justice paraît inséparable de la bienfaisance[2]. Les grands jurisconsultes d’Antonin, Salvius Valens, Ulpius Marcellus, Javolenus, Volusius Mœcianus continuèrent la même œuvre. Le dernier fut le maître de Marc-Aurèle en fait de jurisprudence[3], et, à vrai dire, l’œuvre des deux saints empereurs ne saurait être séparée. C’est d’eux que datent la plupart de

    l’Inst. archéol., 1845, p.20. Zoega (Bassirilievi, I, p.154 et suiv.) rapporte ce bas-relief à la première Faustine. Le monument, en tout cas, ne prouve pas que l’impératrice qui y figure s’occupât personnellement de bienfaisance. La pensée du bas-relief est de montrer Faustine secourable, même après sa mort. Alexandre Sévère imita cette institution et créa des Jeunes Mamméennes. Lampride, Alex. Sév., 67.

  1. Gaïus, Inst., I, § 1 ; Inst. de Just., I, i, § 1.
  2. Digeste, I, iii, 18 ; II, xiv, 8 ; XXXIV, v, 10, § 1 ; XL, i, 24 ; XLII, i, 36, 38 ; XLVIII, xix, 42 ; L, xvii, 56, 155, 168, 192. Cf. Orose, VIII, 15.
  3. Capitolin, Ant. le Pieux, 12 ; Ant. le Phil., 3. Cf. Ælius Aristide, Orat., x, p. 109-110.