Il n’est que locataire et usufruitier des biens de l’État[1]. Point de luxe inutile ; stricte économie ; charité vraie, inépuisable ; accès facile, parole affable[2] ; poursuite en toute chose du bien public, non des applaudissements.
Des historiens, plus ou moins imbus de cette politique qui se croit supérieure parce qu’elle n’est assurément suspecte d’aucune philosophie, ont cherché à prouver qu’un homme aussi accompli que Marc-Aurèle ne pouvait être qu’un mauvais administrateur et un médiocre souverain. Il se peut, en effet, que Marc-Aurèle ait péché plus d’une fois par trop d’indulgence. Cependant, à part des malheurs absolument impossibles à prévoir ou à empêcher, son règne se présente à nous comme grand et prospère[3]. Le progrès des mœurs y fut sensible. Beaucoup des buts secrets que poursuivait instinctivement le christianisme furent légalement atteints. Le régime politique général avait des défauts profonds ; mais la sagesse du bon empereur couvrait tout d’un palliatif momentané. Chose singulière ! ce vertueux