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pour montrer la vanité absolue de leur art[1]. Sa critique, en ce qui concerne le surnaturel, est identique à celle des épicuriens[2] ; mais il ne conclut pas. Il met sur le même pied l’astrologie, la musique, l’histoire naturelle, la magie, la divination[3]. Il repousse la plupart des prestiges comme des impostures ; mais il en admet quelques-uns. Il ne croit pas aux légendes du paganisme ; mais il les trouve grandes, merveilleuses, utiles aux hommes[4]. Les prophètes, en général, lui paraissent des charlatans, et pourtant il ne traite pas de rêverie pure l’art de prédire l’avenir. Il est éclectique, déiste, ou, si l’on veut, platonicien. Sa religion ressemble beaucoup à celle de Marc-Aurèle, de Maxime de Tyr, à ce que sera plus tard celle de l’empereur Julien[5].

Dieu, l’ordre universel, délègue son pouvoir à des dieux particuliers, sorte de démons ou de ministres[6], auxquels s’adresse le culte du polythéisme. Ce culte est légitime ou du moins fort acceptable, quand on ne le porte pas à l’excès. Il devient de devoir strict,

  1. Origène, Contre Celse, I, 6, 68 ; IV, 86, 88 ; VI, 39, 40, 41.
  2. Comp. Origène, ibid., I, 8, 10, 21 ; II, 60 ; III, 34, 48, 75 ; IV, 54, 75 ; V, 3.
  3. Orig., ibid., IV, 8, 6 ; VI, 22, 33-41 ; VII, 3.
  4. Ibid., I, 67.
  5. Voir, par exemple, dans Orig., IV, 62, 65.
  6. Orig., VIII, 28, 54, 55.