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un admirateur sans réserve de cette grande philosophie libératrice, qui a sauvé l’homme des fantômes de la superstition, qui le préserve de toutes les vaines croyances et de toutes les erreurs. Les deux amis, exactement comme Lucrèce, tiennent Épicure pour un saint, un héros, un bienfaiteur du genre humain, un génie divin, le seul qui ait vu la vérité et osé la dire[1]. Lucien, d’un autre côté, parle de son ami comme d’un homme accompli ; il vante sa sagesse, sa justice, son amour de la vérité, la douceur de ses mœurs, le charme de son commerce. Ses écrits lui paraissent les plus utiles, les plus beaux du siècle, capables de dessiller les yeux de tous ceux qui ont quelque raison[2]. Celse, en effet, s’était donné pour spécialité de rechercher les duperies auxquelles la pauvre humanité est sujette[3]. Il avait une forte antipathie pour les goètes et les introducteurs de faux dieux, à la façon d’Alexandre d’Abonotique[4]. Quant aux principes généraux, il paraît avoir été moins ferme que Lucien. Il écrivit contre la magie[5], plutôt pour dévoiler le charlatanisme des magiciens que

  1. Lucien, Alexander, 25, 45, 47, 61. Cf. Vera hist., II, 18 ; Icoroménippe, 35.
  2. Lucien, Alex., 21.
  3. Origène, Contre Celse, VII, 3, 9.
  4. Ibidem, VII, 36.
  5. Ibidem, I, 68 ; comp. VIII, 60, etc. ; Lucien, Alexander, 21.