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arrière-pensée. On s’imaginait, par la disparition complète des cadavres, enlever aux chrétiens l’espérance de la résurrection. Cette espérance paraissait aux païens l’origine de tout le mal. « C’est par la confiance qu’ils ont en la résurrection, disaient-ils, qu’ils introduisent chez nous ce nouveau culte étrange, qu’ils méprisent les supplices les plus terribles, qu’ils marchent à la mort avec empressement et même avec joie. Voyons donc s’ils vont ressusciter et si leur dieu est capable de les tirer de nos mains. » Les chrétiens se rassuraient par la pensée qu’on ne peut vaincre Dieu, et qu’il saurait bien retrouver les restes de ses serviteurs[1]. On supposa, en effet, plus tard des apparitions miraculeuses qui révélèrent les cendres des martyrs[2], et tout le moyen âge crut les posséder[3], comme si l’autorité romaine ne les eût pas anéanties. Le peuple se plut à désigner ces

  1. Voir saint Augustin, De cura pro mortuis gerenda, 8-10.
  2. Grégoire de Tours, De gloria mart., 49 ; Adon, 2 juin. L’homélie attribuée à saint Eucher n’en parle pas.
  3. Dans l’église des Saints-Apôtres ou de Saint-Nizier, selon les uns, d’Ainai selon les autres (Tillemont, Mém., III, 25-26 ; Spon, p. 187). Le nom de martyres Athanacenses, « martyrs d’Ainai » (Grégoire de Tours, l. c.), vient peut-être de ce qu’Ainai fut le premier quartier chrétien. Voir l’Égl. chrét., p. 475. Ainai s’étendait alors sur la rive droite et comprenait la colline de Saint-Just. V. Journal des Sav., juin 1881, p. 346. Cela donne une certaine valeur au vocable des Macchabées. Voir note suivante.