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chrétiens. La colère des païens fut extrême. Ils accusèrent hautement Alexandre d’être la cause de ces rétractations coupables. On l’arrêta, on le présenta au légat : « Qui es-tu ? » lui demanda celui-ci. — « Chrétien », répondit Alexandre. Le légat irrité le condamna aux bêtes. L’exécution fut fixée au lendemain.

Telle était l’exaltation de la troupe fidèle, qu’on s’y souciait beaucoup moins de la mort épouvantable qu’on avait devant les yeux que de la question des apostats. L’horreur que les martyrs conçurent contre les relaps fut extrême. On les traita de fils de perdition, de misérables qui couvraient de honte leur Église, de gens à qui il ne restait plus une trace de foi, ni de respect pour leur robe nuptiale, ni de crainte de Dieu. Au contraire, ceux qui avaient réparé leur première faute furent réunis à l’Église et pleinement réconciliés.

Le 1er août, au matin, en présence de toute la Gaule réunie dans l’amphithéâtre[1], l’horrible spec-

  1. Lettre, § 47. Jusqu’à ces derniers temps, la plupart des antiquaires avaient cru à l’existence d’un amphithéâtre ou naumachie près de l’autel de Rome et d’Auguste, sur l’emplacement de l’ancien Jardin des Plantes (Jardin de la Déserte). Spon, Ant. de Lyon, p. 50 (réimpr.) ; fouilles d’Artaud (Chenavard, p. 17) et de Martin Daussigny (Congrès de la Soc. franç. d’arch., Caen, 1862) ; Aug. Bernard, le Temple d’Aug., p. 30 et suiv. M. Vermorel