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grâces à Dieu. Les détenus croyaient ainsi posséder dans leur sein un foyer permanent d’inspiration et recevoir directement les conseils du Saint-Esprit[1]. Mais ce qui, en Phrygie, ne provoquait guère que des abus était ici un principe d’héroïsme. Montanistes par l’ardeur du martyre, les Lyonnais sont profondément catholiques par leur modération et leur absence de tout orgueil.

La réponse impériale arriva enfin. Elle était dure et cruelle. Tous ceux qui persévéraient dans leur confession devaient être mis à mort, tous les renégats relâchés. La grande fête annuelle qui se célébrait à l’autel d’Auguste, et où tous les peuples de la Gaule étaient représentés, allait commencer[2]. L’affaire des chrétiens tombait à propos pour en relever l’intérêt et la solennité.

Afin de frapper le peuple, on organisa une sorte d’audience théâtrale, où tous les détenus furent pompeusement amenés. On leur demandait simplement s’ils étaient chrétiens. Sur la réponse affirmative, on tranchait la tête à ceux qui paraissaient avoir le droit de cité romaine, on réservait les autres pour les

  1. Eusèbe, V, iii, 1-3.
  2. Τῆς ἐνθάδε πανηγύρεως (ἔστι δὲ αὓτη πολυάνθρωπος ἐκ πάντων τῶν ἐθνῶν συνερχομένων εἰς αὐτὴν) ἀρχομένης συνεστάναι, § 47. M. Hirschfeld (Allmer. Revue épigr., p. 88-89) n’offre ici qu’un tissu de confusions.