Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/340

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’il avait été achevé cinq ans auparavant[1]. Une foule exaspérée couvrait les gradins et appelait les chrétiens à grands cris. Maturus, Sanctus, Blandine et Attale furent choisis pour cette journée. Ils en firent tous les frais ; il n’y eut, ce jour-là, aucun de ces spectacles de gladiateurs dont la variété avait tant d’attrait pour le peuple.

Maturus et Sanctus traversèrent de nouveau dans l’amphithéâtre toute la série des supplices, comme s’ils n’avaient auparavant rien souffert. On les comparait aux athlètes qui, après avoir vaincu dans plusieurs combats partiels, étaient réservés pour une der-

    note. Si l’on tient à conserver quelque vérité à l’assertion de Grégoire de Tours (De glor. mart., c. 49), plaçant le martyre à Ainai (Athanacum), on peut observer que, d’après une découverte de M. Guigue (Revue crit., l. c. ; Raverat, ouvr. cité, p. 17 et suiv.), la colline de saint Irénée s’est appelée Podium Athanacense ; mais il est difficile qu’un fait qui se serait passé à l’amphithéâtre de la place Saint-Jean, dans le vieux Lugdunum, ait été rapporté à une localité distincte de Lyon. Aux Minimes, l’expression se justifierait ; mais on peut expliquer autrement l’expression martyres athanacenses. V. ci-après, p. 338, note 3.

  1. On rapporte, en effet, à cet amphithéâtre une inscription donnée par Spon (p. 32, réimpr.) et Menestrier, p. 16 (de Boissieu, p. 529), qui en fixerait la dédicace aux consulats d’Orfitus et de Maximus, en 172. Mais il n’est nullement probable que cette inscription soit relative à l’amphithéâtre. M. Guigue (préf. à la Monogr. de la cathédr. de Lyon, par Bégule, p. 5-6) montre que les matériaux de la cathédrale vinrent du forum de Trajan, sur la hauteur de Fourvières.