Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/334

Cette page a été validée par deux contributeurs.

buait à cet égard une grâce d’état et comme un privilège particulier[1].

La plupart des lettres écrites par les confesseurs étaient adressées aux Églises d’Asie et de Phrygie, avec lesquelles les fidèles lyonnais avaient tant de liens spirituels ; une d’elles était adressée au pape Éleuthère, et devait être portée par Irénée. Les martyrs y faisaient le plus chaleureux éloge de ce jeune prêtre.


Nous te souhaitons joie en Dieu pour toutes choses et pour toujours, père Éleuthère. Nous avons chargé de te porter ces lettres notre frère et compagnon Irénée, et nous te prions de l’avoir en grande recommandation, émulateur qu’il est du testament de Christ. Si nous croyions que la position des gens est pour quoi que ce soit dans leur mérite, nous te l’aurions recommandé comme prêtre de notre Église, titre qu’il possède réellement[2].


Irénée ne partit pas sur-le-champ ; on doit même supposer que la mort de Pothin, qui suivit de près, l’empêcha tout à fait de partir[3]. Les lettres des martyrs ne furent remises à leur adresse que plus tard, avec l’épître qui renfermait le récit de leurs héroïques combats.

  1. Τῆς τῶν ἐκκλησιῶν εἰρήνης ἕνεκεν πρεσϐεύοντες. Eus., V, iii, 4. Cf. Tertullien, De anima, 35.
  2. Eus., V, iv, 1, 2 ; saint Jérôme, De viris ill., 35.
  3. Irénée, en effet, succéda immédiatement à Pothin. Eus., V, v, 8.