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certains gnostiques, surtout des markosiens, pouvaient y donner quelque apparence, et ce n’était pas une des moindres raisons pour lesquelles les orthodoxes en voulaient tant à ces sectaires, qui les compromettaient aux yeux de l’opinion.

Avant d’en venir aux supplices, la malveillance s’exprima en tracasseries, en vexations de tous les jours. On commença par mettre en quarantaine la population maudite à laquelle on attribuait tous les malheurs. Il fut interdit aux chrétiens de paraître dans les bains, au forum, de se montrer en public et même dans les maisons particulières. L’un d’eux venait-il à être aperçu, c’étaient d’atroces clameurs ; on le battait, on le traînait, on l’assommait à coups de pierre, on le forçait à se barricader. Seul, Vettius Épagathus, par sa position sociale, échappait à ces avanies ; mais son crédit était insuffisant pour préserver de la fureur populaire les coreligionnaires qu’il s’était donnés par un choix que tous les Lyonnais qualifiaient d’aberration.

L’autorité n’intervint que le plus tard qu’elle put, et en partie pour mettre fin à des désordres intolérables. Un jour, presque toutes les personnes con-

    contre le christianisme (Le Blant, dans la Revue de l’art chrétien, 2e série, t. IV), et l’ont été au moyen âge contre les juifs, les vaudois, etc.