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loises[1], et jour anniversaire de la consécration de l’autel, des députés de la Gaule entière s’y réunissaient. C’était ce qu’on appelait le Concilium Galliarum, réunion sans grande importance politique, mais d’une haute importance sociale et religieuse[2]. On célébrait des fêtes qui consistaient en luttes d’éloquence grecque et latine et en jeux sanglants[3].

Toutes ces institutions donnaient beaucoup de force au culte national. Les chrétiens, qui ne pratiquaient pas ce culte, devaient paraître des athées, des impies. Les fables, universellement admises sur leur compte, étaient répétées et envenimées. Ils pratiquaient, disait-on, des festins de Thyeste, des incestes à la façon d’Œdipe. On ne s’arrêtait devant aucune absurdité ; on alléguait des énormités impossibles à décrire, des crimes qui n’ont jamais existé[4]. Dans tous les temps, les sociétés secrètes affectant le mystère ont provoqué de tels soupçons[5]. Ajoutons que les désordres de

  1. D’Arbois de Jubainville, Comptes rendus de l’Acad. des sc. morales et pol., sept. 1880.
  2. Aug. Bernard, le Temple d’Aug. et la Nationalité gauloise, précité (réserves de M. de Barthélémy, Paris, 1864).
  3. Strabon, IV, iii, 2 ; Tite-Live, Épit., cxxxvii ; Suétone, Calig., 20 ; Claude, 2. Des inscriptions marquaient la place des délégués de chaque cité gauloise. Aug. Bernard, ouvrage cité.
  4. Comp. Tertullien, Apol., 7, 8. Minucius Félix, 8, 9 ; les Actes de saint Épipode, de saint Pollion.
  5. Les mêmes calomnies, en effet, sont exploitées en Chine