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des dieux. Malheureusement, l’autorité cédait. Les deux ou trois dernières années du règne de Marc-Aurèle furent attristées par des spectacles tout à fait indignes d’un si parfait souverain[1].

À Lyon, la clameur populaire alla jusqu’à la rage. Lyon était le centre de ce grand culte de Rome et d’Auguste, qui était comme le ciment de l’unité gauloise et la marque de sa communion avec l’empire. Autour du célèbre autel situé au confluent du Rhône et de la Saône[2], s’étendait une ville fédérale, composée des délégués permanents des soixante peuples de la Gaule, ville riche et puissante, fort attachée au culte qui était sa raison d’être[3]. Tous les ans, le 1er août, le grand jour des foires gau-

  1. Celse, dans Orig., VII, 40 ; VIII, 38, 53, 58, etc.
  2. L’emplacement de l’autel est fixé avec certitude sur la colline Saint-Sébastien, vers l’endroit où la pente de la Croix-Rousse devient tout à fait abrupte, soit près du chevet de l’église Saint-Polycarpe, au sommet du dos d’âne de la rue du Commerce, plus près du Rhône actuel que de la Saône (là furent trouvées les tables de Claude) ; soit, comme on incline maintenant à le croire, à l’ancien Jardin des Plantes. Le confluent du Rhône et de la Saône était autrefois au pied de la colline, à la place des Terreaux. Voir Aug. Bernard, le Temple d’Auguste, Lyon, 1863 ; Léon Renier, Martin-Daussigny, Allmer, divers mémoires ; Revue crit., 12 juillet 1879, p. 31 ; Allmer, Revue épigr., 1878, p. 2-5, 11-13, 25-26, 61-64, 89-91.
  3. Rappelons que la colonie romaine avait son centre à Fourvières. La ville syro-asiate et chrétienne devait être dans les îles du confluent, vers Athanacum (Ainai). Voir l’Église chrétienne, p. 475.