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flots éternels de la Sophie qui donne les trésors. Reçois l’aliment doux comme le miel du Sauveur des saints ; mange à ta faim et bois à ta soif ; tu tiens l’ΙΧΘϒΣ dans les paumes de tes mains.


Le montanisme, comme le gnosticisme, visita la vallée du Rhône et y obtint de grands succès. Du vivant même de Montan, de Priscille et de Maximille, on s’entretint à Lyon avec admiration de leurs prophéties et de leurs dons surnaturels. Sortie d’un monde tout à fait voisin du montanisme[1], l’Église de Lyon ne pouvait rester indifférente au mouvement qui entraînait la Phrygie et troublait toute l’Asie Mineure. Les oracles effrayants des nouveaux prophètes, les pratiques de piété des saints de Pépuze, leurs brillants charismes, ce retour des phénomènes surnaturels primitifs de l’âge apostolique, tant de nouvelles qui arrivaient coup sur coup d’Asie et frappaient de stupeur tout le monde chrétien, ne pouvaient que les émouvoir singulièrement. C’était presque eux-mêmes qu’ils revoyaient dans ces ascètes. Leur Vettius Épagathus ne rappelait-il pas, par ses austérités, les plus célèbres nazirs[2] ? La plupart trou-

  1. Notez surtout, dans l’épître des Églises de Lyon et de Vienne aux Églises d’Asie, les idées sur le Paraclet (Eus., V, i, 11), sur les révélations personnelles, etc.
  2. Voir l’Église chrét., p. 473, 476.