Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/304

Cette page a été validée par deux contributeurs.

chose de Marc-Aurèle[1]. Tertullien[2] doutera, il est vrai, qu’on puisse être à la fois césar et chrétien ; mais cette incompatibilité, un siècle après lui, ne frappera personne, et Constantin se chargera de prouver que Méliton de Sardes fut un homme très sagace le jour où il démêla si bien, cent trente-deux ans d’avance, au travers des persécutions proconsulaires, la possibilité d’un empire chrétien.

Un voyage de Grèce, d’Asie et d’Orient, que l’empereur fit vers ce temps, ne changea rien à ses idées. Il traversa en souriant, mais non sans quelque ironie intérieure, ce monde des sophistes d’Athènes, de Smyrne, entendit tous les professeurs célèbres, fonda un grand nombre de nouvelles chaires à Athènes, vit particulièrement Hérode Atticus, Ælius Aristide, Adrien de Tyr[3]. À Éleusis, il entra seul dans les parties les plus reculées du sanctuaire[4]. En Palestine, les restes des populations juives et samaritaines, plongées dans la détresse par les dernières révoltes, l’accueillirent avec des acclamations bruyantes,

  1. Tertullien, Apol., 5.
  2. Apol., 21.
  3. Dion Cassius, LXXI, 31 ; Philostr., Soph., II, i, ix, x, xi. Sur la chronologie de ce voyage, erronée dans Tillemont, comme tout ce qui se rattache à la date de la révolte d’Avidius, voir mes Mél. d’hist, et de voy., p. 186 et suiv.
  4. Capitolin, 27 ; Philostrate, II, x, 7.