Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/296

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sible mais il est très probable que Marc-Aurèle ignora la prétention qu’élevaient les chrétiens sur le miracle dont il passait lui-même pour être l’auteur. Dans certains pays, en Égypte, par exemple, la fable chrétienne ne paraît pas avoir été connue[1]. Ailleurs, elle ne fit qu’ajouter à la dangereuse réputation de magie qui commençait à s’attacher aux chrétiens[2].

La légion du Danube, si elle prit un moment le nom de Fulminata, ne le garda pas officiellement. Comme la douzième légion, résidant à Mélitène, était toujours désignée par ce titre, comme, d’ailleurs, la légion de Mélitène brilla bientôt par son ardeur chrétienne, il s’opéra une confusion, et l’on supposa que ce fut cette dernière légion qui, transportée contre toute vraisemblance de l’Euphrate au Danube, fit le miracle et reçut à ce propos le nom de Fulminata ; on oubliait qu’elle avait porté ce surnom deux cents ans auparavant[3].

Ce qu’il y a de sûr, en tout cas, c’est que la conduite de Marc-Aurèle envers les chrétiens ne fut en

  1. Carm. sib., XII, v, 194 et suiv. L’auteur est un chrétien d’Égypte, écrivant vers 260.
  2. Mém. de M. Le Blant, t. XXXI des Mém. de la Soc. des antiquaires de France
  3. Cette confusion paraît surtout avoir été le fait d’Eusèbe.