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qui fit substituer cette appellation au surnom d’Antiqua, qu’elle avait porté jusque-là[1].

Il y avait des chrétiens autour de Marc-Aurèle ; il y en avait peut-être dans la légion engagée contre les Quades. Ce prodige admis de tous les émut. Un miracle bienveillant ne pouvait être l’ouvrage que du vrai Dieu. Quel triomphe, quel argument pour faire cesser la persécution, si l’on persuadait à l’empereur que le miracle venait des fidèles ! Dès les jours mêmes qui suivirent l’incident, une version circula, d’après laquelle l’orage favorable aux Romains aurait été le fruit des prières des chrétiens. C’est en s’agenouillant, selon l’usage de l’Église, que les soldats pieux auraient obtenu du ciel cette marque de protection, laquelle flattait, à deux points de vue, les prétentions chrétiennes : d’abord en montrant ce que pouvait sur le ciel une poignée de croyants ; puis en témoignant chez le Dieu des chrétiens d’un certain faible pour l’empire romain. Que l’empire cesse de

  1. Dion Cassius, LV, 23 ; Notitia dign., duché d’Arménie p. 96, Bœcking, I ; inscriptions dans Borghesi, Œuvres compl., IV, p. 232-234, 263 ; Noël Desvergers, p. 91-93 ; Pauly, Realencycl., IV, p. 868, 891-892 (Grotefend) ; Gruter, cxciii, 3 ; Corpus inscr. lat., III, 30, etc. (v. index, p. 1142) ; Orelli, no  517 ; Henzen, 6497 ; Letronne, Inscr. de l’Égypte, II, p. 328 et suiv. ; Kellermann, Vigiles, nos 41 et 249 ; Ch. Robert, les Légions des bords du Rhin (Paris, 1867), p. 16, 17.