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de sa propre bibliothèque[1] ». Claudius Severus, le péripatéticien, travailla dans le même sens et acquit définitivement le jeune Marc à la philosophie. Marc avait l’habitude de l’appeler son frère[2] et paraît avoir eu pour lui un profond attachement.

La philosophie était alors une sorte de profession religieuse, impliquant des mortifications, des règles presque monastiques. Dès l’âge de douze ans, Marc revêtit le manteau philosophique, apprit à coucher sur la dure et à pratiquer toutes les austérités de l’ascétisme stoïcien. Il fallut les instances de sa mère pour le décider à étendre quelques peaux sur sa couche. Sa santé fut plus d’une fois compromise par cet excès de rigueur[3]. Cela ne l’empêchait pas de présider aux fêtes, de remplir ses devoirs de prince de la jeunesse avec cet air affable qui était chez lui le résultat du plus haut détachement[4].

Ses heures étaient coupées comme celles d’un religieux. Malgré sa frêle santé, il put, grâce à la sobriété de son régime et à la règle de ses mœurs[5],

  1. Pensées, I, 7, 17 ; III, 5. Jules Capitolin, 3.
  2. Pensées, I, 14.
  3. Capitolin, 2 ; Pensées, I, 3 ; Dion Cassius, LXXI, 34.
  4. Capitolin, Ant. le Phil., 4.
  5. Capitolin, 4 ; Dion Cassius, LXXI, 1, 6, 34, 36 ; Julien, Cæs., p.328, 333 et suiv. ; Ælius Aristide, orat. ix, Opp., I, Dindorf, p.109-110 ; Galien, De ther., 2.