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est à peu près exclue. L’Église catholique n’eut garde de commettre cette faute. La femme eut des fonctions de diaconie dans l’Église et y fut avec l’homme dans des rapports subordonnés, mais fréquents. Le baptême, la communion eucharistique, les œuvres de charité entraînaient de perpétuelles dérogations aux mœurs de l’Orient. Ici encore, l’Église catholique trouva le milieu entre les exagérations des sectes diverses avec une rare justesse de tact.

Ainsi s’explique ce mélange singulier de pudeur timide et de mol abandon qui caractérise le sentiment moral dans les Églises primitives. Loin d’ici les vils soupçons de débauchés vulgaires, incapables de comprendre une telle innocence ! Tout était pur dans ces saintes libertés ; mais aussi qu’il fallait être pur pour pouvoir en jouir ! La légende nous montre les païens jaloux du privilège qu’a le prêtre d’apercevoir un moment dans sa nudité baptismale celle qui, par l’immersion sainte, va devenir sa sœur spirituelle[1]. Que dire du « saint baiser »[2], qui fut l’am-

  1. Voir, dans les manuscrits et les éditions xylographiques, les miniatures représentant le baptême de Drusiana (Didot, les Apocal. figurées, p. 51-52). Les païens regardent par les trous de la porte, d’une manière qui implique un soupçon ou du moins un sentiment de jalousie contre le ministre du sacrement. Cf. les réflexions de Sozomène, l. c.
  2. Saint Paul, p. 262, 263.