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tout contre les artifices de leurs cheveux, qui se retrouvent à chaque page des écrits montanistes[1]. La femme qui, par le tour le plus innocent donné à sa chevelure, cherche à plaire et amène cette simple réflexion qu’elle est jolie, devient, au dire de ces âpres sectaires, aussi coupable que celle qui excite à la débauche. Le démon des cheveux se charge de la punir[2]. L’aversion du mariage venait des motifs qui auraient dû y pousser. La prétendue chasteté des encratites n’était souvent qu’une inconsciente duperie.

Un roman qui fut sûrement d’origine montaniste, puisqu’on y trouvait des arguments pour prouver que les femmes ont le droit d’enseigner et d’administrer les sacrements[3], roule tout entier sur cette équivoque passablement dangereuse. Nous voulons parler

  1. Tertullien, les deux livres De cultu feminarum, les deux livres Ad uxorem et le livre De virginibus velandis.
  2. Eclogæ ex script. proph. (dans les Œuvres de saint Clément), 39, pensée de Tatien. Les juifs du moyen âge cherchaient à faire croire aux femmes mariées que les démons dansaient sur leurs cheveux, quand elles en avaient ; de là le précepte de les couper. Chiarini, Théorie du judaïsme, I, 257-259.
  3. Tertullien, De bapt., 17 ; saint Jérôme, De viris ill., 7. L’épisode du « lion baptisé » consistait probablement en ce que le lion qui, dans l’amphithéâtre, refusait de dévorer Thécla, recevait le baptême de celle-ci comme bon chrétien. Saint Ambroise, De virginibus, II, 3. L’origine montaniste de ce roman explique que Tertullien, qui était de la coterie, en ait eu si vite connaissance.