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manence[1] l’eût emporté, le christianisme allait périr dans de petits conventicules d’épileptiques. Ces puériles macérations, qui ne pouvaient convenir au vaste monde, eussent arrêté la propagande. Tous les fidèles ayant le même droit au sacerdoce, aux dons spirituels[2], et pouvant administrer les sacrements[3], on fût tombé dans une complète anarchie. Le charisme allait anéantir le sacrement ; le sacrement l’emporta, et la pierre fondamentale du catholicisme fut irrévocablement établie.

En définitive, le triomphe de la hiérarchie ecclésiastique fut complet. Sous Calliste (217-222), les maximes modérées prévalurent dans l’Église de Rome, au grand scandale des rigoristes, qui s’en vengèrent par d’atroces calomnies[4]. Le concile d’Iconium[5] clôt le débat pour l’Église, sans ramener les égarés. La secte ne mourut que très tard ; elle se continua jusqu’au vie siècle, à l’état de démocratie chrétienne[6], surtout en Asie Mineure[7], sous les noms de phryges, phry-

  1. Si Christus abstulit quod Moyses præcepit,… cur non et Paracletus abstulerit quod Paulus indulsit ? Tert., De monog., 14.
  2. Tertull., De jej. adv. psych., 13.
  3. Tertull., De exhort. cast., 7 ; De bapt., 17.
  4. Philosoph., livre IX.
  5. Conc. de Labbe, I, col. 754 et suiv.
  6. Saint Jérôme, Ad Marc., epist. 27, Mart., IV, ii, p. 64-65.
  7. Épiph., Hær., xlii, 1 ; xlviii, 14 ; saint Jérôme, l. c. ; Sozom., II, 32 ; Code Just., l. I, titre v, lois 5, 18, 24 ; saint Hi-