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quence qui était toujours restée inconnue aux ascètes bigots de Phrygie.

La victoire de l’épiscopat fut, dans cette circonstance, la victoire de l’indulgence et de l’humanité. Avec un rare bon sens, l’Église générale regarda les abstinences exagérées comme une sorte d’anathème partiel jeté sur la création et comme une injure à l’œuvre de Dieu[1]. La question de l’admission des femmes aux fonctions ecclésiastiques et à l’administration des sacrements, question que certains précédents de l’histoire apostolique laissaient indécise, fut tranchée sans retour[2]. La hardie prétention des sectaires de Phrygie à insérer des prophéties nouvelles au canon biblique amena l’Église à déclarer, plus nettement qu’elle ne l’avait encore fait, la nouvelle Bible close sans retour[3]. Enfin, la recherche téméraire du martyre devint une sorte de délit, et, à côté de la légende qui exaltait le vrai martyr, il y eut la légende destinée à montrer ce qu’a de coupable la présomption qui va au-devant des supplices et enfreint sans y être forcée les lois du pays[4].

  1. Songe d’Attale, dans Eus., V, iii, 2. Cf. Isidore, Sentent., II, xliv, 9.
  2. Firmilien (lettre 75 dans les Œuvres de saint Cyprien).
  3. L’Anonyme, dans Eus., V, xvi, 3 ; le fragment de Muratori.
  4. Cf. Clém. d’Alex., Strom., IV, 4. Cf. Mém. de l’Acad. des inscr., XXVIII, 2e partie, p. 335 et suiv. (Le Blant)