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martyrs montanistes (et nulle Église n’en avait davantage) étaient tous des misérables ou des imposteurs[1], et surtout pour établir que les auteurs de la secte avaient péri misérablement, par le suicide, forcenés, hors d’eux-mêmes, devenus la dupe ou la proie du démon[2].

L’engouement de certaines villes d’Asie Mineure pour ces pieuses folies ne connaissait point de bornes. L’Église d’Ancyre, à un certain moment, fut tout entière entraînée, avec ses anciens, vers les dangereuses nouveautés[3]. Il fallut l’argumentation serrée de l’évêque anonyme et de Zotique d’Otre, pour leur ouvrir les yeux, et même la conversion ne fut pas durable ; Ancyre, au ive siècle, continuait d’être le foyer des mêmes aberrations[4]. L’Église de Thyatires fut infestée d’une manière encore plus profonde. Le phrygisme y avait établi sa forteresse, et longtemps on considéra cette antique Église comme perdue pour le christianisme[5]. Les conciles d’Iconium et de Synnade,

  1. Eus., V, ch. xvi et xviii.
  2. L’Anonyme, dans Eusèbe, V, xvi, 14, 15. — Voir aussi Præscr., 52, en observant que cette partie des Prescriptions n’est pas de Tertullien.
  3. L’Anonyme, dans Eus., V, xvi, 4, 5.
  4. Saint Jérôme, In Gal., II, proœm. ; Philastre, 74, 75 ; Pseudo-Aug., 62 ; Labbe, Conc., II, col. 951.
  5. Épiphane, li, 33.