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mariage pour embrasser la carrière prophétique[1], entrèrent dans leur rôle avec une hardiesse extrême et un complet mépris de la hiérarchie. Malgré les sages interdictions de Paul contre la participation des femmes aux exercices prophétiques et extatiques de l’Église, Priscille et Maximille ne reculèrent pas devant l’éclat d’un ministère public. Il semble que l’inspiration individuelle ait eu, cette fois comme d’ordinaire, pour compagnes la licence et l’audace[2]. Priscille a des traits qui la rapprochent de sainte Catherine de Sienne et de Marie Alacoque. Un jour, à Pépuze, elle s’endormit et vit le Christ venir vers elle, vêtu d’une robe éclatante et ayant l’apparence d’une femme. Christ s’endormit à côté d’elle, et, dans cet embrassement mystérieux, lui inocula toute sagesse. Il lui révéla en particulier la sainteté de la ville de Pépuze. Ce lieu privilégié était l’endroit où la Jérusalem céleste, en descendant du ciel, viendrait se poser[3]. Maximille prêchait dans le même sens, annonçait d’atroces guerres, des catastrophes, des persécutions[4]. Elle survécut à Priscille et mourut

  1. Apollonius, dans Eusèbe, V, xviii, 3.
  2. L’Anonyme, dans Eusèbe, V, xvii, 2.
  3. Épiph., hær. xlix, 1. Cf. Apollonius, dans Eus., V, xviii, 2 ; saint Cyrille de Jérus., Catéch., xvi, 8.
  4. L’Anonyme, dans Eus., V, xvi, 18, 19.