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calomnies ordinaires, qui ne manquent jamais sous la plume des écrivains orthodoxes, quand il s’agit de noircir les dissidents[1]. L’admiration qu’il excita en Phrygie fut extraordinaire. Tel de ses disciples prétendait avoir plus appris dans ses livres[2] que dans la Loi, les prophètes et les évangélistes réunis. On croyait qu’il avait reçu la plénitude du Paraclet ; parfois on le prenait pour le Paraclet lui-même, c’est-à-dire pour ce Messie, en bien des choses supérieur à Jésus, que les Églises d’Asie Mineure croyaient avoir été promis par Jésus lui-même[3]. On alla jusqu’à dire : « Le Paraclet a révélé de plus grandes choses par Montanus que le Christ par l’Évangile[4]. » La Loi et les prophètes furent considérés comme

  1. Saint Jérôme, Epist. ad Ctesiphontem (43) ; Isid. de Péluse, Epist., 1 ; saint Cyrille de Jér., Catéch., xvi, 8. Les écrits anciens contre Montanus, qu’Eusèbe possédait dans sa bibliothèque, ne mentionnaient pas le bruit qu’il eût été, avant sa conversion, prêtre de Cybèle et qu’il méritât, comme dévot d’Attis, l’épithète de semivir. Didyme d’Alexandrie, De Trinitate, III, 41 ; saint Jérôme, Ad Marc. (27), t. IV, 2e part., col. 65.
  2. Le passage du Canon de Muratori, lignes 83-84, prouve bien qu’il avait composé des livres.
  3. Jean, xiv, xv, xvi. La doctrine des montanistes étant sur tout le reste en opposition avec le quatrième Évangile, il est douteux que leur notion du Paraclet fût un emprunt fait directement à cet Évangile. Ils pouvaient très bien en subir l’influence sur un point particulier sans en posséder le texte.
  4. Pseudo-Tertullien, De præscr., [52],