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gine, un caractère essentiellement mystique et ascétique[1]. Déjà, dans l’épître aux Colossiens, Paul combat des erreurs où les signes précurseurs du gnosticisme et les excès d’un ascétisme mal entendu semblent se mêler. Presque partout ailleurs, le christianisme fut une religion de grandes villes ; ici, comme dans la Syrie au-delà du Jourdain, ce fut une religion de bourgades et de campagnards. Un certain Montanus[2], du bourg d’Ardabav, en Mysie, sur les confins de la Phrygie, sut donner à ces pieuses folies un caractère contagieux qu’elles n’avaient pas eu jusque-là[3].

Sans doute l’imitation des prophètes juifs et de ceux qu’avait produits la loi nouvelle, au début de l’âge apostolique, fut l’élément principal de cette renaissance du prophétisme. Il s’y mêla peut-être aussi

  1. V. Saint Paul, chap. xiii. Cf. Épiph., xlvii, 1.
  2. Ce nom n’était pas rare dans le nord de l’Asie Mineure, particulièrement en Phrygie. C. I. G., 3662, 3858 e, 4187 ; Le Bas, no  755 (Acmonie). Les doutes qu’on a élevés sur la réalité du personnage de Montanus sont dénués de fondements sérieux.
  3. Canon de Muratori, lignes 83-84 (Hesse) ; Œuvres de Tertullien, en général ; Clément d’Alex., Strom., IV, ch. xiii ; Philosoph., VIII, 6, 19 ; X, 25, 26 ; Eusèbe, H. E., IV, 27 ; V, 3, 14, 16-19 (d’après des témoignages contemporains) ; Épiph., Hær., xlviii et xlix ; Origène, Contre Celse, VII, 9 ; Philastre, Hær., xxi ; Cyrille de Jér., Catéch., xvi, 8 ; Prædestinatus, hær. 26, 27, 28, 86 ; Macarius Magnes, IV, 15 (p. 184).