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ciales présidées par les évêques, et correspondant ensuite entre elles. On cherchera plus tard, dans les pièces de cette grande lutte ecclésiastique, des précédents pour les questions de présidence des synodes et de hiérarchie des Églises. Entre toutes les Églises, celle de Rome paraît avoir un droit particulier d’initiative. Cette initiative s’exerce surtout en vue de ramener les Églises à l’unité, même au risque des schismes les plus graves. L’évêque de Rome s’attribue le droit exorbitant de chasser de l’Église toute fraction qui maintient ses traditions particulières. Il s’en fallut de peu que, dès l’an 196, ce goût exagéré pour l’unité n’amenât les schismes qui se sont produits plus tard. Mais un grand évêque, animé du véritable esprit de Jésus, l’emportait alors sur le pape. Irénée protesta, se donna une mission de paix[1], et réussit à corriger le mal qu’avait fait l’ambition romaine. On était encore loin de croire à l’infaillibilité de l’évêque de Rome ; car Eusèbe déclare avoir lu les lettres où les évêques blâmaient énergiquement la conduite de Victor[2].

  1. Ἐπρέσϐευεν. Eus., V, xxiv, 18 ; cf. ci-après, p. 315.
  2. Πληκτικώτερον καθαπτομένων τοῦ Βίκτορος. Eus., V, xxiv, 10. Cf. Socrate, V, 22.