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tique à Rome, fut excommunié ; Irénée le combattit[1]. On ne s’interdit pas l’usage de documents apocryphes[2]. La pratique romaine gagnait de jour en jour[3].

La question ne fut tranchée que par le concile de Nicée[4]. Dès lors, on fut hérétique pour suivre la tradition de Jean, de Philippe, de Polycarpe, de Méliton. Il arriva ce qui était déjà arrivé tant de fois. Les défenseurs de l’ancienne tradition se trouvèrent par leur fidélité même mis hors l’Église, et ne furent plus que des hérétiques, les quartodécimans[5].

Le calendrier juif offrait des difficultés, et, dans les pays où il n’y avait pas de juifs, on eût été embarrassé pour déterminer le 14 de nisan. On con-

  1. Irénée, dans Eus., V, ch. xv et xx, 1 ; Tertullien (ut fertur), Præscr., ch. 53.
  2. Liber pontificalis, à l’art. Pius (cf. Behm, Hirt, p. 6-8 ; Gebh. et Harn., ad Hermam, p. 169, note) ; Pseudo-Polycarpe, dans Gebh. et Harn., Patres apost., II, p. 169-170.
  3. L’auteur des Philosophumena (VIII, 5, 18) met les partisans du 14 de nisan parmi les hérétiques, mais en les qualifiant seulement de « gens disputeurs et ignorants ».
  4. Firmilien, inter Cypr. Epist., 75 ; Anatolius, dans Gilles Boucher, De cycl., p. 445 ; Athanase, l. c. ; Eusèbe, Vita Const., III, 18, 19 ; Epiph., lxx, 9, 10 ; Sozomène, I, 16, 17 ; Labbe, Conc., II, col. 561.
  5. Epiph., l ; Théodoret, Hær. fab., III, 4 ; Hist. rel., 3 ; Labbe, Conc., II, 951 ; Tillemont, II, p. 447-448 ; III, p. 110-112 ; Pitra, Spicil. Sol., I, p. xii-xiv, 14-15. Le système proposé par M. l’abbé Duchesne (mém. précité) me paraît en contradiction avec ces textes, surtout avec Epiph., l.