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plaça tout à fait celui de la sortie d’Égypte, comme celui de la sortie d’Égypte avait remplacé le sens purement naturaliste de l’antique paskh sémitique, la fête du printemps.

Vers l’an 196, la question se représenta plus vive que jamais[1]. Les Églises d’Asie persistaient dans leur vieil usage. Rome, toujours ardente pour l’unité, voulut les réduire. Sur l’invitation du pape Victor[2], on tint des réunions d’évêques ; une vaste correspondance fut échangée. Eusèbe eut entre les mains l’épître synodale du concile de Palestine, présidé par Théophile de Césarée et Narcisse de Jérusalem, la lettre du synode de Rome, contresignée par Victor, les lettres des évêques du Pont, que Palma présida comme étant le plus ancien, la lettre des Églises de Gaule, dont Irénée était l’évêque, enfin, celles des Églises d’Osrhoène, sans parler des lettres particulières de plusieurs évêques, notamment de Bacchylle de Corinthe. On se trouva unanime pour la translation de Pâques au dimanche[3]. Mais les évêques d’Asie, forts

  1. Eus., H. E., V, ch. xxiii, xxiv, xxv ; saint Jérôme, Chron., Schœne, p. 174, 177 ; De viris ill., 35, 43-45 ; Anatolius, dans Gilles Boucher, De cycl. Vict., p. 443 et suiv. ; Conciles de Labbe, I, p. 600 ; Photius, cod. cxx.
  2. Polycrate, dans Eus., V, xxiv, 8.
  3. Eusèbe ne parle cependant pas d’Antioche. Saint Athanase dit qu’à l’époque du concile de Nicée, la Syrie, la Cilicie et la