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pour indiquer ainsi la substitution d’un nouvel agneau pascal à l’antique[1].

Polycarpe, nous l’avons vu, suivait la tradition de Jean et de Philippe. Il en était de même de Thraséas, de Sagaris, de Papirius, de Méliton. Les montanistes étaient aussi, sans doute, du même avis[2]. Mais l’opinion de l’Église universelle devenait chaque jour plus impérieuse et plus embarrassante pour ces obstinés. Apollinaire d’Hiérapolis s’était, à ce qu’il semble, converti à la pratique romaine[3]. Il repoussait la pâque du 14 de nisan, comme un reste de judaïsme, et alléguait, pour soutenir son opinion, l’Évangile de Jean[4]. Méliton, voyant l’embarras des fidèles de Laodicée, privés de leur pasteur,

  1. C’était déjà l’avis de Paul. Cf. I Cor., v, 7 ; Gal., iv, 9-11 ; Rom., xiv, 5.
  2. Epiph., l, 1 ; saint Pacien, Epist., i, 2 ; Zonaras, In Canones, p. 78 (Paris, 1618) ; Gebh. et Harn., Patr. apost., II, p. 169, note ; Tillemont, Mém., II, p. 447-448, 672 et suiv.
  3. Au premier coup d’œil, la question semble posée, en Asie, entre conserver la célébration de la Pâque et supprimer totalement cette fête. Nous ne croyons pas, cependant, qu’aucune famille chrétienne ait jamais voulu supprimer absolument la fête de Pâque, pas plus que le sabbat. En Asie, comme à Rome, il s’agissait d’une translation qui empêchât la coïncidence avec la fête juive.
  4. Il y a des doutes sur l’opinion précise d’Apollinaire ; mais, s’il avait été d’accord avec Méliton et les autres évêques, son nom figurerait dans la lettre de Polycrate (Eus., V, 24). Comparez Clément d’Alexandrie (dans Eus., IV, xxvi, 4 ; VI, xiii, 3, 9),