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fortune de Méliton fut celle de Papias et de tant d’autres docteurs du iie siècle, vrais fondateurs, les premiers des Pères en réalité, et qui n’eurent d’autre tort que de ne pas avoir deviné d’avance ce qui devait un jour être réglé par les conciles.

Claudius Apollinaris, ou Apollinaire[1], maintenait l’éclat de l’Église d’Hiérapolis, et, comme Méliton, joignait la culture littéraire et philosophique à la sainteté. Son style passa pour excellent, et sa doctrine pour la plus pure. Par son éloignement du judéo-christianisme et son goût pour l’Évangile de Jean, il appartenait au parti du mouvement plus qu’à celui de la tradition. Comme ce fut le mouvement qui triompha, ses adversaires ne furent dès lors que des arriérés. Nous le verrons, presque en même temps que Méliton, présenter une Apologie à Marc-Aurèle. Il écrivit cinq livres adressés aux païens, deux contre les juifs, deux sur la Vérité, un sur la Piété, sans parler de beaucoup d’autres ouvrages qui n’arrivèrent pas à une grande publicité, mais

  1. Sérapion d’Antioche, dans Eus., V, xix, 2 ; Eusèbe, IV, xxi ; xxvi, 1 ; xxvii ; V, v, 4 ; xvi, 1 ; xix, 1-2 ; Chron., édit. Schœne, p. 173 ; saint Jérôme, De viris ill., 26 ; Epist., 84 ; Théodoret, Hær. fab., I, 21 ; III, 2 ; Socrate, III, 7 ; Nicéphore, IV, 11 ; X, 14 ; Chron. d’Alex., p. 6 et suiv., 263 (Du Cange) ; Photius, cod. xiv ; Otto, Corpus Apol., IX, p. 478 et suiv.