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théologie comme la sienne, où Jésus est à la fois Dieu et homme, était une protestation contre Marcion, et dut en même temps plaire aux adversaires d’Artémon et de Théodote le corroyeur[1]. Il connaissait l’Évangile dit de Jean, et identifiait Christos avec le Logos, le mettant au second rang derrière le Dieu unique, antérieur et supérieur à tout[2]. Son traité où le Christ était présenté comme un être créé[3] dut surprendre ; mais sans doute on le lut peu, et ce titre scandaleux fut altéré de bonne heure[4]. Au ive siècle, quand l’orthodoxie fut devenue plus soupçonneuse, on cessa de copier ces écrits tant admirés deux cents ans auparavant. Plusieurs passages sans doute parurent peu conformes à la foi de Nicée. La

    saint Jérôme, De viris ill., 24. Voir surtout les fragments de l’Apologie, dans Eusèbe, et les fragments syriaques, Cureton, p. 52-54 ; Pitra, II, p. lvi-lx. Le morceau Cureton, p. 53-54 ; Pitra, II, p. lix-lx, est plus frappant encore ; mais il n’est pas de Méliton. Ailleurs, on le donne comme d’Irénée (Pitra, I, p. 3-6), et il n’est peut-être ni de l’un ni de l’autre. Land, Anecd. Syr., I, p. 31 ; Otto, IX, p. 419 et suiv.

  1. Petit Labyrinthe, cité par Eus., V, xxviii, 5 ; passage de Méliton cité par Anastase (Pitra, II, p. lxi ; Otto, IX, p. 416, 444 et suiv.) ; passage syriaque, dans Cureton, p. 52, et Pitra, II, p. lvi-lvii ; Otto, IX, p. 419.
  2. Fragment de l’Apologie dans la Chronique pascale, p. 259, édit. Du Cange.
  3. Περὶ κτίσεως καὶ γενέσεως Χριστοῦ.
  4. Voir Eusèbe, IV, xxvi, 2, édit. de Heinichen.