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et ceux qui se contentent de dire : « C’est le culte de nos pères », sont également coupables.


Eh quoi ! ceux à qui leurs pères ont laissé la pauvreté s’interdisent-ils de s’enrichir ? Ceux que leurs parents n’ont pas instruits se condamnent-ils à ignorer ce que leurs pères ignoraient[1] ? Les fils d’aveugles ne refusent pas de voir, ni les fils des boiteux de marcher… Avant d’imiter ton père, cherche s’il a été dans la bonne voie. S’il a été dans la mauvaise, prends la bonne, pour que tes fils t’y suivent à leur tour. Pleure sur ton père, qui s’est engagé dans la voie du mal, pendant que ta tristesse peut le sauver encore. Quant à tes fils, dis-leur : « Il y a un Dieu, père de toute chose, qui n’a pas commencé, qui n’a pas été créé, qui fait tout subsister par sa volonté. »


Nous verrons bientôt la part que prit Méliton à la controverse de la Pâque et à l’espèce de mode qui porta tant d’esprits distingués à présenter des écrits apologétiques à Marc-Aurèle. Son tombeau se montrait à Sardes, comme celui d’un des justes les plus sûrs de ressusciter à l’appel du ciel[2]. Son nom resta très respecté chez les catholiques, qui le tinrent pour une des premières autorités de son siècle[3]. Son éloquence surtout fut vantée, et les morceaux que nous avons de lui sont, en effet, très brillants[4]. Une

  1. Méliton semblé ici se souvenir de saint Justin, Apol. I, 12.
  2. Polycrate, dans Eus., V, xxiv, 5.
  3. Eusèbe, VI, xiii, 9.
  4. Elegans et declamatorium ingenium. Tertullien, dans