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des torts envers leur souverain, et les uns envers les autres. Ainsi, grâce à la connaissance et à la crainte de Dieu, tout le mal peut être supprimé de l’État.

Si le souverain, en effet, n’agit pas injustement envers ses sujets, et si ses sujets n’agissent pas injustement envers lui, ni les uns envers les autres, il est clair que tout le pays vit en paix, et il en résulte de grands biens ; car, de la sorte, le nom de Dieu est loué entre tous. Le premier devoir du souverain, ce qui le rend le plus agréable à Dieu, est donc de délivrer de l’erreur le peuple qui lui est soumis. Tous les maux, en effet, viennent de l’erreur, et l’erreur capitale est de méconnaître Dieu et d’adorer à sa place ce qui n’est pas Dieu.


On voit combien Méliton est peu éloigné des dangereux principes qui domineront à la fin du ive siècle et feront l’empire chrétien. Le souverain érigé en protecteur de la vérité, employant tous les moyens pour faire triompher la vérité, voilà l’idéal que l’on rêve. Nous retrouverons les mêmes idées dans l’Apologie adressée à Marc-Aurèle[1]. L’intolérance dogmatique, l’idée qu’on est coupable et désagréable à Dieu en ignorant certains dogmes est franchement avouée. Méliton n’admet aucune excuse pour l’idolâtrie. Et ceux qui disent que l’honneur rendu aux idoles se rapporte à la personne qu’elles représentent,

  1. C’est ici la meilleure preuve de l’authenticité du traité conservé en syriaque.